Extrait de l’hommage rendu à Nicole Marie-Louise, le 24 août 2022
« Nicole aimait lire.
– Le lire-plaisir ; elle s’était constituée une bibliothèque à faire pâlir d’envie nombre de bibliophiles. Et elle lisait, lisait, lisait, le visage ensoleillé par la puissance des mots, qui construisaient des histoires dans lesquelles elle s’évadait avec délectation. Les livres se retrouvaient partout chez elle – cuisine, salon, salles d’eau et surtout chambre à coucher transformée, le temps d’une lecture d’un roman de Maryse Condé, Tahar Ben Jelloun, Hughes Barthéléry ou Romain Bellay, en cathédrale du gai-savoir. Ces temps derniers, elle avait abandonné ces voyages immobiles qui convoquent tant d’imaginaires, pour sa tablette numérique devenue salle de jeux en tout genre…
– et elle aimait le lire-exigence ; exigence de rigueur dans la formulation, exigence dans la graphie – en créole ou en français -, exigence dans la ponctuation : j’en sais quelque chose. Je lui donnais à relire un texte, un tapuscrit, une thèse, elle s’armait de son Bic rouge (plus rarement de son crayon noir) et c’était volée de bois-vert: Pani pasé lanmen, elle était impitoyable ! Mais, c’était toujours pour la bonne cause. Si ou enmen «i bon kon sa», wondi ! Madame ne laissait rien, rien passer…
Madame Nicole Véronique Marie-Louise, vous nous manquez déjà !
Que les Ancêtres vous accueillent et vous fassent fête !»
Serghe Kéclard